mercredi 23 décembre 2009

Lévi-Strauss : de la diversité culturelle à la diversité du vivant

Réflexion de notre philosophe ...

La disparition de Claude Lévi-Strauss est l'occasion de rappeler que cet ethnologue fût aussi l'un des précurseurs de la réflexion écologique.

Dans les années 1930, il part à la rencontre des populations autochtones du Brésil, qui ont conservé un mode de vie en accord avec leur environnement. Il est le premier à avoir insisté sur le lien privilégié entre ces peuples et l'environnement, à avoir fait l'éloge, à travers eux, de la nature, de la diversité et de la complexité du monde.
Il écrit dans Tristes Tropiques :
" Ces sociétés ont eu la sagesse de rester en équilibre avec leur milieu naturel. Leurs croyances que d'autres qualifient de superstitions, tendent à un respect de la vie, qu'elle soit animale ou végétale. Je crois que nos sociétés ont beaucoup à apprendre d'elles."

Lors d'une enquête menée en 1965, au cours de laquelle on avait demandé à diverses personnes ce qu'elles mettraient dans un coffre qui serait enfoui à l'intention des archéologues de l'an 3000, Lévi-Strauss avait fait la réponse suivante :
" Je mettrai dans votre coffre des documents relatifs aux dernières sociétés primitives en voie de disparition, des exemplaires d'espèces végétales et animales proches d'être anéanties par l'homme, des échantillons d'air et d'eau non encore pollués par les déchets industriels, des notices et des illustrations sur des sites bientôt saccagés par les installations civiles et militaires.
Mieux vaut laisser quelques témoignages sur tant de choses que, par notre malfaisance et celle de nos continuateurs, ces hommes de l'an 3000 n'auront pas le droit de connaître : la pureté des éléments, la diversité des êtres, la grâce de la nature, la décence des hommes."

Dans les années 1970, l'ethnologue et philosophe pessimiste avoué, se disait inquiet de l'avenir de l'humanité. Une planète dont il pressentait les limites, une "Terre qui n'est pas indéfiniment extensible" et dont il prédisait l'épuisement si l'humanité "se laisse aller à ce rythme, à cette prolifération... Ce que je constate : ce sont les ravages actuels; c'est la disparition effrayante des espèces vivantes, qu'elles soient animales ou végétales; et le fait que du fait même de sa densité actuelle, l'espèce humaine vit sous une sorte d'empoisonnement interne, si je puis dire, et je pense au présent et au monde dans lequel je suis en train de finir mon existence. Ce n'est pas un monde que j'aime."

"La civilisation n'est plus cette fleur fragile qu'on préservait dans quelques coins d'un terroir riche en espèces rustiques. L'humanité s'installe dans la monoculture; elle s'apprête à produire la civilisation en masse comme la betterave. Son ordinaire ne comportera plus que ce plat."



Denis C.

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